L’échelle de la création
Lorsqu’on apprend un métier d’art, on se retrouve propulsé dans une dimension riche d’idées, d’inspirations et d’émotions à exprimer. On vit dans un monde surélevé où tout est possible, et où notre parole a de l’importance. Pendant un temps, apprendre nous rendra chaque jour plus créatif, et découvrir de nouvelles techniques pour exprimer nos idées nous en apportera d’autres. Et comme en montant une échelle, chaque création nous emmènera plus haut.
La concurrence est rude, on se rend vite compte que tout le monde a du talent et que le nôtre ne sort pas forcément du lot. Regarder les créations des autres peut nous faire perdre pied sur cette immense échelle, et c’est avec du temps qu’on apprend à apprécier et à s’inspirer des autres pour proposer quelque chose de différent. Là est la subtilité, c’est toujours plus important si c’est différent. Et on se retrouve à essayer de nouvelles choses, à tester de nouvelles techniques, à regarder ailleurs pour trouver cette distinction qui nous permettra d’émerger dans cette foule de jeunes créateurs. Une forme surprenante ? Un mélange de couleur avant-gardiste ? Un concept choquant ? À force d’essayer on trouvera bien quelque chose de nouveau.
Pourtant, quelque chose cloche... Ce n’est pas le bon sens de direction. Pourquoi se donner du mal à créer une coquille unique en son genre, lorsqu’il n’y a pas de mollusque à l’intérieur ?
Le mollusque, la pensée du créateur
Une œuvre d’art en est une parce qu’elle transporte un message, une vision, une technique, une émotion à travers le temps et l’espace. Nous qui la voyons, sommes époustouflés par sa force car ce qui est exprimé est fort. Et lorsqu’on apprend un métier d’art, on passe souvent beaucoup de temps à développer la forme plutôt que le fond. C’est en tout cas ce que j’ai fait pendant longtemps.
Mon apprentissage pour devenir designer graphique s’est fait en plusieurs étapes. Comme pour tous les créateurs, j’ai passé les premières années à chercher, à absorber et à m’inspirer des œuvres et des artistes ayant participé à fonder l’Histoire de l’art. Durant ma licence en Arts à l’Université Paris 8, j’ai d’abord été surtout inspiré par la sensibilité, la dextérité de la technique ou encore le génie derrière certaines compositions d’images célèbres.
Puis avec le temps, à force de regarder ces œuvres et de me renseigner sur leurs intentions et leurs messages, j’ai compris pourquoi elles m’attiraient tant. Oui, l’histoire de Frida Kahlo est tellement forte qu’elle transcende ses œuvres. Et la torture mentale de Vincent van Gogh donne à ses toiles beaucoup plus de complexité qu’elles semblent avoir au premier abord. Et tout d’un coup je n’étais plus inspirée par ces œuvres magnifiques de la même manière, j’avais moi aussi envie de faire parler les miennes. C’est là que le métier de designer graphique prend son sens et se complexifie. Faire entendre tout un message dans une seule forme, un point, une lettre ou une couleur, c’est un art. Et c’est lorsque j’ai commencé mon Bachelor en Communication Visuelle chez Artline que j’ai revu tout mon processus créatif.
Vivre l’art
En apprenant à créer d’une toute nouvelle manière, j’ai vu changer l’entièreté de ma méthodologie de travail, mes habitudes, mes objectifs. Le métier d’art n’avait plus la même définition pour moi. Mes créations avaient pris en maturité parce que je développais mes idées et concepts à chaque projet. Et mon but n’était plus de créer du nouveau, mais plutôt quelque chose de sensible qui compte, quelque chose de véritable.
Ce qui m'a beaucoup aidé chez Artline, c’est qu’on nous donnait du temps. J’avais le temps de pousser à maturité chaque concept, et j’étais toujours encouragée à aller le plus loin possible. Le fond travaillé, la forme finale de ma création se dessinait toute seule. Le temps joue un grand rôle dans la réalisation d’un projet artistique, car plus on en prend pour approfondir son concept, plus le résultat est qualitatif ; tout autant que plus le message est fort, plus l’œuvre est intemporelle.
Vivre l’art, c’est tout simplement vivre dans son temps en exprimant sa pensée. On a plus besoin d’avoir une technique de peinture à l’huile parfaite pour épater le public, l’art abstrait l’a démontré. Et tout ce qu’on proposera aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, aura forcément une ou plusieurs inspirations artistiques sous-jacentes.
Grâce à toutes ces années de baignade dans l’Histoire de l’Art, ce que je propose aujourd’hui en tant que designer graphique s’inscrit parfaitement dans notre temporalité. L’art contemporain, c’est un art qui s’assoie sur tout ce qui s’est fait auparavant, pour proposer des messages forts, peu importe la technique ou le style utilisé. C’est pour cela que, même si certains pensent le contraire, le métier de designer graphique est un métier d’art.
Au dessus des nuages
Finalement, quelque soit notre processus créatif, on a tous plus ou moins le même rêve en tant que créateurs : marquer au fer chaud le temps et l’espace, d’une de nos créations. La manière de le faire ou encore le message exprimé sont ce qui nous différencie. Ce voyage sur l’échelle de la création est loin d’être terminé mais il m’a déjà beaucoup enrichie, et avec un peu de recul on apprend à apprécier la hauteur.
Un jour peut-être j’arriverais tout au bout de cette échelle, au-dessus des nuages... Mais en attendant je préfère profiter du moment et m’exprimer pleinement à travers formes, couleurs et émotions, parce que c’est comme ça que je vois la vie.
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