Jordan Coelho, aka Oelhan, est un artiste en pleine ascension de 25 ans basé à Paris qui séduit par sa patte graphique unique, son univers envoûtant et son travail de textures uniques. Il nous parle de son parcours, de l’importance des projets personnels et donne 3 conseils pour vous aider à trouver votre style de dessin d’animation et en tant qu’artiste en général. Spoiler : nous allons beaucoup parler d’expérimentation !
Se lancer en tant qu’artiste professionnel
Jordan commence son parcours avec un BTS en Design Graphique, et se lance en freelance dès la sortie de ses études. « Je faisais déjà plein de petits projets personnels que je postais sur internet, sur Instagram et même Tumblr ! Du coup, j’ai décidé de prendre une sorte d’année sabbatique pour tester et voir si ça prenait, si je pouvais en vivre ou pas. Sinon, je serais retourné faire une licence, ou quelque chose. Mais au final ça a bien marché, et j’ai pu continuer à bosser ! »
© Oelhan
En tant que motion designer freelance, il travaille sur de nombreux projets : « La plupart du temps, ce sont des vidéos explicatives avec une voix off. Ça peut être pour une assurance, une application, un festival ou un produit dont il faut expliquer le concept ! On va utiliser des typographies et des éléments graphiques pour venir ‘habiller’ la voix off’. Après, il y a aussi des projets d’animation de logo, des projets de visuels pour des concerts et des live shows pour lesquels il faut créer des assets et des choses qui vont bouger derrière l’artiste. Mais le gros du métier reste les vidéos voix off et produit. »
Lorsque nous lui demandons quel type de motion design il préfère créer, il répond en riant : « Ce que je préfère faire, ce sont les projets personnels ! Mais en tant que freelance, le plus intéressant pour moi ce sont les animations de logos. Ça se concentre sur quelque chose de très court, on peut vraiment aller polir un mouvement et ça, j’aime beaucoup. Sinon, tout ce qui est plus créatif comme les visuels de concert, justement. C’est vraiment fun parce qu’il faut souvent sortir plein de loops, qui nous permettent de découvrir sur le chemin des effets intéressants ! »© Oelhan
Ce qui lui plaît dans ses travaux personnels, c’est de faire des animations courtes, des loops, de jouer avec les textures, les mélanges de couleurs… « Ce que je fais, ça se concentre souvent sur des visages, des choses un peu envoûtantes, beaucoup de textures animées… J’aime bien faire de la 2D et la mettre sur de la 3D. »
« Avant, je faisais du motion design pour des clients, puis je prenais du temps à côté pour les projets personnels dès que je pouvais. Ça me permettait aussi d’aller chercher des projets plus créatifs en se faisant remarquer pour un style ou un projet particulier sur lequel on a travaillé. C’est un cercle vertueux : on se fait plaisir, et ça nous permet de faire des choses plus cool ! »
Depuis 1 an, avec la montée en puissance du métavers, des cryptomonnaies et de l’art digital, il s’est lancé dans la création de NFT. Le mot NFT vient de l’anglais ‘Non Fongible Token’, soit ‘jeton non fongible’ en français. Un NFT permet de garantir la propriété exclusive d’un actif numérique (par exemple, celle d’une œuvre d’art, ou même d’un tweet). « Maintenant, je vends les loops que je fais, donc je fais des projets personnels à temps plein ! »
© Oelhan
Jordan puise l’inspiration pour ses projets personnels un peu partout, et pour lui, il est primordial de savoir être curieux et la saisir. « La photo m’inspire beaucoup - il y a toujours des petits éléments, des postures, des textures, des drapés qui vont être cool à reprendre en 3D et à y ajouter du motion design. Je fais aussi beaucoup de veille, sur Instagram, sur Pinterest… Mais c’est tellement large ! En ce moment, je fais pas mal de visages et je me suis inspiré des masques kabuki japonais, mais un peu aussi de masques africains… Parfois, dans un film, il va y avoir un minuscule détail qui va me donner des idées à tester, par exemple. Ça peut être tout et n’importe quoi, il n’y a pas de règles ni de recette magique ! »
Comment trouver son style quand on est artiste ?
Avec son style très distinct, envoûtant et presque fascinant qu’il décrit comme ‘Soft Psychadelia’, les créations de Jordan ne passent pas inaperçues et sont généralement reconnaissables au premier coup d’œil.
© Oelhan
Mais son style signature ne s’est pas forgé en un jour, et il attribue une grande partie de son évolution à la réalisation de projets personnels. « Au fil du temps, on se rend compte de ce qu’on aime ou de ce qu’on n’aime pas, » explique-t-il. « Sur mon compte Instagram, j’ai laissé tout ce que j’ai pu faire avant – si on remonte à 2014, ça va être des choses qui n’ont rien à voir avec aujourd’hui ! C’est à force de tester, de voir où on est bon, de voir ce qui nous plaît esthétiquement qu’on va être en mesure de trouver sa patte ! » En se laissant la place d’éprouver différentes associations, il a pu se découvrir et affiner son style personnel.
Son deuxième conseil : pratiquer, pratiquer, pratiquer – et ne pas avoir peur de se tromper ! « Il faut en faire un maximum, jusqu’à ce vous ne vous posiez même plus la question du style, finalement. On va avoir des ‘accidents heureux’, et finir par en faire sa marque de fabrique ! » Il revient ensuite sur le fait d’avoir laissé en visibilité publique tous ses anciens travaux. « Quand je les regarde, aujourd’hui, il y en a beaucoup que je n’aime plus ! Mais quand je les ai faits, j’ai clairement appris des choses à chaque fois. D’un côté, ça a aussi été une façon d’arriver où j’en suis aujourd’hui. »
C’est également une façon d’encourager des artistes plus débutants, de les aider à se rappeler, justement, que le progrès, l’expertise, et donc le style, passent avant tout par le travail et la pratique. « Quand il y a un artiste que j’admire vraiment, c’est agréable de pouvoir remonter dans son fil Instagram et voir les travaux devenir de moins en moins bon ! Ça montre qu’il a bossé pour en arriver où il en est aujourd’hui, il y a un côté motivant. »© Oelhan
Jordan conseille également d’effectuer un gros travail de veille. « En graphisme, en animation, c’est important de voir beaucoup de choses pour habituer son œil, comprendre comment les couleurs et les formes vont ensemble… » Il préconise de se créer son propre écosystème de veille sur Pinterest, Instagram et Viméo (mais recommande tout particulièrement la chaîne Wine After Coffee) pour effectuer sa veille en ligne, mais souligne l’importance de ne pas négliger les contenus ‘in real life’, et notamment les expositions et les musées.
Pour lui, les idées qui vont aider à trouver ce qu’on aime, à affiner son style peuvent se trouver n’importe où, et pas seulement dans les expositions dédiées à sa discipline artistique. « Je vais voir tout et n’importe quoi, tout ce qui me tente ! Tu peux te balader dans une expo, et trouver un petit détail qui va te donner une idée à tester ailleurs… En termes d’inspiration, ce n’est forcément important que ça soit lié au graphisme. »
© Oelhan
Mais est-il vraiment important d'avoir un style particulier quand on est artiste ? « Tout dépend de l’objectif final, » répond-il. « Si l’objectif est d’être un bon motion designer, de pouvoir prendre des commandes, de créer de belles directions artistiques et de les animer – je dirai non. Parce que, justement, il faut pouvoir à chaque fois créer une nouvelle direction et savoir se renouveler! Après, si on a plus envie d’être du côté artiste et d’avoir une direction artistique précise dans ce cas-là, oui, c’est plus important ! »
« Mais je pense quand même que, si on veut absolument être freelance ou indépendant, c’est important d’avoir un style ou du moins une marque graphique bien à soi. »
Vous pouvez retrouver le travail de Jordan et les liens vers tous ses réseaux sociaux juste ici !