On a déjà tous entendu parler de la notion d’art block. On l’a parfois même vécu, plusieurs fois et sous des formes différentes. Cela peut-être tantôt un manque de motivation qui exige que l'on s'auto-discipline si on veut fournir nos rendus à temps ; tantôt, on regarde un peu trop les autres, on cède à la vilaine tentation de s’y comparer et on ne se sent pas à la hauteur, alors on se braque ; tantôt, il s’agit tout bêtement du syndrome de la page blanche. On ne sait tout simplement pas quoi dessiner, et c’est extrêmement frustrant, car les tentatives qui nous démangent se trouvent être souvent infructueuses. Rien ne nous satisfait.
C’est sur ce dernier cas qu’on va essayer de s’attarder, car il est assez récurrent. La liberté des exercices proposés à l’institut Artline peut parfois faire peur ; personne n’a envie de passer 6 semaines sur un projet qui ne nous plaît finalement plus, parce qu’on aurait pris un truc au pif (non, ce n’est pas du vécu… Ou peut-être bien que si). Il existe des milliers de méthodes, mais voyons-en quelques-unes !
Se nourrir d'art(s) pour s'ouvrir l'esprit
C’est tout bête et on vous l’a sûrement déjà répété : il est nécessaire d’étendre notre culture pour avoir des références plein les poches. Il ne faut pas oublier aussi que même si nous faisons, en majorité, du design, il y aura toujours une part artistique dans ce que nous créons. Alors quoi de mieux que trouver l’inspiration dans l’art en lui-même ?
Je veux évidemment parler d’art au sens le plus large possible : tout est bon à prendre ! Je suis certaine que cela vous est déjà arrivé d’écouter une musique et d’avoir des images dans la tête, accordées aux émotions qu’elle vous procure. C’est une première piste : se couper quelques minutes de notre travail et ne rien faire d’autre que d'écouter une musique, les yeux fermés ou non. On peut éventuellement gribouiller ce que cela nous évoque, même de façon abstraite. Parfois, découvrir un nouvel artiste musical d’un genre qu’on penserait ne jamais écouter peut nous renvoyer des images nouvelles.
Dans tous les cas, avoir une certaine ouverture d’esprit et être curieux est essentiel pour mettre notre nez un peu partout dans l’art. On ne le réalise pas forcément sur le moment, mais c’est de cette façon qu’on a de belles surprises.
Faire de la veille et exercer son esprit d'analyse
Cela rejoint un peu ce dont j’ai parlé précédemment, mais la démarche est relativement différente. Je pense que c’est un exercice à faire assez quotidiennement (ou en tout cas très régulièrement) : regarder ce qui se fait, en ciblant les compétences spécifiques que vous visez.
Enfin, il ne faut évidemment pas se contenter de regarder ! Le but ici est de faire une analyse visuelle pour essayer de comprendre pourquoi telle œuvre, tel artiste a capté votre attention, en défilant par exemple la page d’accueil d’Artstation. Essayez de pointer précisément le moindre détail : la composition, la pose d’un personnage, les couleurs utilisées, la forme d’un nez, le placement d’un élément important dans un décor… Tout ce que vous pouvez. Prenez des notes si nécessaire.
Au-delà du fait que cela permettra à votre cerveau d’être sollicité face à des travaux qui vous correspondent, vous finirez par comprendre peu à peu ce qui marche, ou qui ne marche pas (les cas d’école sont aussi bons à prendre, tant que la critique est constructive et bienveillante ; d’où l’importance aussi de faire des retours aux autres !).
Apprendre et tester de nouveaux médiums
C’est encore un sujet vaste et étendu, mais il arrive qu’apprendre de nouvelles choses nous décoince. Cela peut être une nouvelle technique ou un nouveau médium. Trouver des tutoriels inédits est tellement facile aujourd’hui qu’il est presque dommage de ne pas apprendre différentes autres façons de créer.
Sans nécessairement avoir la prétention de vous spécialiser dans un nouveau terrain, avoir la curiosité de même simplement s’intéresser peut vous faire découvrir de nouvelles manières d’appréhender votre méthode de travail. Certains autres domaines vous feront voir la création sous des angles différents et peut-être aurez-vous l’envie de l’intégrer dans votre propre travail, à différentes échelles.
Pour vous donner un exemple, la broderie m’a appris à travailler avec une palette de couleurs restreinte (puisque j’ai un nombre de fils différents limité) et à jouer avec la matière, la texture que cela peut apporter.
Revenir aux fondamentaux du papier et du crayon
Parfois, simplement revenir à un support plus traditionnel que le numérique, cela permet de revenir à des sources plus ou moins familières et revoir notre processus créatif. On a quelquefois tellement l’habitude de Photoshop qu’on cherche le Ctrl + Z de notre feutre, mais non ! Le tracé est définitif. Non seulement cela permet de s’entraîner à avoir davantage d’assurance, mais en plus cela nous contraint à faire avec nos erreurs.
J’écris beaucoup du point de vue des dessinateurs, parce que c’est ce que je connais le mieux, mais je pense que cela peut aussi valoir pour d’autres disciplines créatives. Nous avons presque tous tendance à Artline à utiliser des supports informatiques, mais il arrive que le simple fait de retourner au papier avec un crayon puisse tout bêtement libérer l’esprit, parce que nous utilisons un support qu’on connaît depuis l’enfance.
Faire tout autre chose et prendre le temps de respirer
Cela peut paraître complètement contre-productif, mais dans une ère où l’on nous pousse justement à la productivité et où il serait honteux de ne rien faire, il faut parfois savoir se mettre un stop. Je sais que c’est plus difficile que ça en a l’air, que cela demande un certain effort de laisser son travail de côté et de juste aller prendre l’air pour marcher au hasard, ou de prendre le temps de se faire un thé en résistant à la tentation d’emporter sa tasse à son bureau pour continuer ce qu’on faisait jusqu’à en oublier ce pauvre thé qui refroidit (encore la triste vérité d’un vécu).
Se couper de ce qu’on faisait, surtout s’il y avait un blocage, permet souvent de revenir plus serein et d’avoir les idées plus claires, parce qu’on s’est libéré l’esprit en arrêtant de penser à ce qu’on faisait plus tôt. Il faut donc se trouver une activité calme qui nous fera naturellement penser à rien, ou presque. C’est une démarche très personnelle, alors je pense que vous êtes les mieux placés pour savoir quelle méthode vous correspond le mieux pour y parvenir. La seule contrainte est de faire tout autre chose que votre travail !
Il s’agit ici de trouver des pistes pour s’aider à chercher l’inspiration. Je ne détiens évidemment pas toutes les clefs et il n’y a pas une méthode qui vaut mieux qu’une autre. L’idéal reste encore de tester un peu tout en fonction de vous, de votre situation, du moment en particulier… Qui plus est, j’ai essayé de rester relativement générale et de ne pas faire trop long pour trop vous accaparer.
Bref, bon courage à vous !