Au départ de tout projet il y a une envie. Une idée que l’on va mélanger dans sa tête, soumettre aux autres, puis douter, la rejeter puis enfin y revenir : une idée à laquelle on croit.
« Psicopattes », ce sont d’abord deux romans jeunesse de Hélène Bruller Et Fabrice Ravier, illustrés par Tébo parus chez petit Glénat et un coup de cœur de 2 Minutes pour les adapter en série d’animation. Un programme destiné aux 5-7 ans, résolument tourné vers la comédie
qui propose aux enfants de rire de leurs petits défauts et des situations difficiles auxquelles
ils peuvent être confrontés.
Chez les Ppsichopattes (rebaptisés Toc Toc), quand on a un problème, on va voir Claude.
Claude le taureau, c’est le Docteur des petits soucis. Il a toujours une idée pour arranger les peines du quotidien et démêler les malentendus. Assisté par Coquille et Duvet, les poussins jumeaux plutôt dissipés, Claude va surtout nous montrer que la seule façon de s’aimer, c’est de s’aimer comme on est : imparfaits.
2 Minutes va accompagner les auteurs sur une première phase de développement qui aboutira à la réalisation d’un dossier de présentation du projet destiné à convaincre un diffuseur de les accompagner sur le développement puis la production des 78 épisodes de 7’ que compte la série.
Pendant près de 9 mois, les équipes de 2 Minutes Animation, dirigées par Josselin Ronse, le réalisateur, vont accompagner les auteurs sur une convention de développement avec France télévisions qui a été séduite par le projet.
La convention comporte une bible graphique destinée à montre les intentions graphiques, une bible littéraire décrivant en détails le concept de la série, les personnages, l’univers dans lequel ils évoluent, les pistes d’histoires de la série, plusieurs scripts et un film pilote - extrait court de la série qui va fixer le rythme, les intentions d’animation et le ton de la série.
Une série TV c’est avant tout un programme financé en partie par chaine de télévision (25% à 35% environ), qui fait le pari que le programme soit un succès. Le budget de la série est de plus de 6M€, France télévisions apportera 1,8M€.
Ça peut sembler beaucoup, mais ce n’est pas si énorme si l’on considère le nombre de personnes qui va travailler sur cette production pour plusieurs années : scripts, designer personnages, props, décors, mais aussi animateurs, storyboardeurs, musiciens, talents voix et j’en passe.
Exit le nom « Psichopattes » pas vraiment vendeur pour les 5-7 ans et bonjour « Toc-Toc ! » (« Bananimals » pour le marché anglophone).
La production de la série est lancée !
D’abord les scripts et les designs principaux : personnages récurrents, décors clés. Pour chaque épisode on passe ensuite à la mise en scène avec l’étape crucial du storyboard et de l’animatique. Une fois ces étapes validées par France 2, on passe à l’animation, avec des voix témoins pour les lipsynchs. Le compositing permet de donner l’ambiance de la série.
Une teinte automnale, une séquence d’épouvante avec des ombres fortes ? Pas de problèmes. Une tempête de neige ? Ah… bon… on va trouver une solution.
Les plans finis, composités, passent enfin au montage où l’on va travailler le rythme, tout en respectant scrupuleusement le format de 7 minutes génériques inclus.
Ce montage définitif part alors pour l’enregistrement des voix définitives, la sonorisation et les bruitages, mais aussi la musique composée pour l’occasion.
L’ensemble est mixé et envoyé à la chaine qui valide tous les épisodes afin de s’assurer que le programme est conforme à la ligne éditoriale mise en place pendant la convention de développement et que la série est adaptée à son antenne et à son public.
Chose peu commune, les auteurs de « Toc-Toc ! », Hélène Bruller et Fabrice Ravier, auront un rôle important sur les aspects artistiques de la série : tout devra passer par leur validation avant validation de France 2 qui diffusera le programme. Ce sont eux qui signeront aussi l’intégralité des scripts de la série.
Autre bizarrerie pour cette production étonnante, il y aura 3 réalisateurs successifs : d’abord Josselin Ronse qui travaillera au développement et mettra en place une direction artistique et technique. France télévisions demandera alors à ce que le ton évolue et un autre réalisateur, Richard Danto aura la charge de la refonte graphique et des storyboards et animatiques. Enfin je prendrai le relais pour la fabrication de la série (animation, compositing) et la post-production, assurer la continuité de la DA et rendre tout ceci réalisable dans le temps et le budget.
Je serai alors le gardien du triangle équilatéral sacré dont les côtés sont composés du temps, du budget et de la qualité. Augmenter un côté revient à augmenter les autres côtés aussi, impossible d’allonger le temps ou le budget donc pour ne pas sacrifier la qualité il va falloir faire des choix.
Réalisateur c’est un poste de manager, chef d’orchestre option psychologie. Gérer l’humain et la technique - pas facile tout le temps.
Mais ici j’ai eu de la chance : une excellente chargée de production, une première assistante réalisatrice au top avec une équipe extra dans un studio extra.
Sans cette équipe, pas de série.
Cette année, « Toc-Toc ! »/ « Bananimals ! » fait partie de la sélection officielle
dans la catégorie « animation 2D et 3D » au Chicago International Children’s Film festival.
La série est aussi en compétition au « 2D & 3D festival » en Italie.
Sans cette équipe, pas de nominations.
Claude, le chef de cette bande de joyeux drilles, sera donc, je l’espère,
sacré meilleur taureau de Chicago à l’instar des Chicago Bulls
qui sans une équipe de talent ne peut gagner.